Diagnostic & prise en charge
Quelle prise en charge pour les maladies transmises par les tiques ?
Mars 2023 _ Maladie de Lyme : vers une meilleure prise en soins !
Reportage proposé par la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
En 2019, cinq centres de référence pour la maladie de Lyme ont été nommés avec comme missions d'améliorer et d'homogénéiser la prise en soins des malades sur le territoire, tout en informant mieux le grand public sur cette pathologie complexe.
C'est la plus fréquente des maladies transmises par les tiques, et de loin : environ 50 000 cas chaque année en France, entraînant 800 hospitalisations. La borréliose de Lyme, plus souvent appelée maladie de Lyme, revient fréquemment aux oreilles du grand public, malheureusement souvent avec son lot de contre-vérités.
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Un grand merci aux Infectiologues Alice RAFFETIN, Yves HANSMANN et Pierre TATTEVIN pour leurs témoignages.
2022 _ Guide du parcours de soins de patients présentant une suspicion de borréliose de Lyme
2021 _ Tiques et maladies liées aux tiques : prise en charge dans la région Grand Ouest
2022 _ Parcours de soins HAS
Quand évoquer une maladie à tique et quelles orientations pour nos patients ?
Dr S. Patrat-Delon - CRMVT Rennes
JNI 2020 _ Maladies vectorielles à tiques : centres de compétence et centres de références : où en sommes-nous ?
2019 _ Plan national de prévention et de lutte contre la maladie de Lyme et les maladies transmissibles par les tiques
Qu’est-ce que la maladie de Lyme ?
La borréliose de Lyme est une maladie bactérienne transmise par certaines tiques, du genre Ixodes, et représente la maladie vectorielle la plus fréquente dans l’hémisphère Nord. Elle est dû à une bactérie du complexe Borrelia burgdorferi, dont on connaît plusieurs espèces pathogènes. Il s’agit d’une maladie inefctieuse d’expression polypmorphe ; les principaux symptômes sont cutanés, articulaires et neurologiques ; il y a aussi souvent de la fatigue et des douleurs diffuses. Nous vous proposons des liens vers des ressources de qualité afin de mieux comprendre cette maladie.
ARS 2023 _ Tiques et maladie de Lyme
SPF 2022_ La Borréliose de Lyme
2023 _ Centre National de Référence Borrelia de Strasbourg
Hôpitaux Universitaire de Strasbourg
Consulter ICI
2020 _ Staff de microbiologie sur la borréliose de Lyme
IHU Marseille _ Dr Carole Eldin
INRAE 2020 _ La maladie de Lyme en 10 questions
HAS _ 2018 Borréliose de Lyme
Les autres maladies transmises par les tiques
D’autres maladies infectieuses peuvent être transmises par les tiques, y compris sous nos climats tempérés. Ces maladies sont beaucoup moins fréquentes que la maladie de Lyme, certaines ne sont pas présentes sur tout le territoire français et leur présentation clinique sont souvent très différentes de la maladie de Lyme (ganglion, fièvre, éruption cutanée..). Là encore, nous vous proposons des liens vers des ressources intéressantes ; celles-ci seront complétées régulièrement.
2021 _Revue du praticien _ Borrélioses et fièvres récurrentes
CRMVT : Paris et région Nord / Grand-Ouest / Région Centre / Sud
SPF 2019 _ Tularémie
2022 _ Fiches Mémopathogènes _ CITIQUE
Réalisées par Pierre Boyer & Nathalie Boulanger pour le groupe Tiques et maladies à Tiques
HAS 2018 _ Autres maladies vectorielles liées aux tiques
SPF 2018 _ Encéphalite à tiques
Le traitement de la maladie de Lyme
Le traitement de la borréliose de Lyme repose sur une antibiothérapie adaptée, dont la durée peut aller jusqu’à 28 jours. D’autres thérapeutiques sont parfois nécessaires, médicamenteuses ou non pour soulager les symptômes, réduire l’impact de la borréliose de Lyme sur les patients.
Les documents proposés sont mis à jour régulièrement.
2019 _ Médecine et Maladies Infectieuses & de la SPILF
Traitement de la maladie de Lyme 2019 _ Info-antibio N°89
2018 _ HAS _ Borreliose de lyme chez l'adulte :
Examens complémentaires et traitements
2019 _ ELSEVIER _ Borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques.
Recommandations des sociétés savantes françaises
2019 _ ELSEVIER _ Borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques.
Recommandations des sociétés savantes françaises (Argumentaire I) : prévention, épidémiologie, circonstances du diagnostic
2019 _ ELSEVIER _ Borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques.
Recommandations des sociétés savantes françaises.
Argumentaire 2 : diagnostic biologique, traitement, symptômes persistants au décours d’une borréliose de Lyme documentée ou suspectée
Recommandations HAS en cours d’actualisation
Que faire si…
J’ai été piqué par une tique
Une piqûre de tique n'est pas dangereuse en elle-même.
Il est important de retirer la tique au plus vite, au mieux avec une pince à tique disponible en pharmacie, ou à défaut une pince à épiler. Ensuite, nous vous recommandons de désinfecter le site de piqûre, de vérifier qu’il n’y a pas d’autre tique sur votre corps. Il convient de surveiller votre peau au cours du mois qui suit une piqûre de tique à la recherche d’une tache rouge. En cas de signe (tache rouge, fièvre, gangion…), une consultation médicale est indiquée.
J’ai une lésion cutanée suite à une piqure de tique
Toute tâche rouge dans les suites d’une piqure de tique n’est pas forcément un érythème migrant.
En cas de lésion cutanée survenue sur le site d’une piqure de tique, il faut voir son médecin.
Il n’y a pas de risque immédiat. Il est accepté de se laisser quelques jours pour surveiller l’évolution : une lésion qui s’étend de façon centrifuge est très probablement un érythème migrant. A ce stade le traitement est efficace même quand il est instauré après quelques jours de délai.
Les questions à se poser :
- Quel délai depuis la piqûre de tique ?
- Quelle vitesse de croissance centrifuge ?
- Quelle taille ? < 2 cm : peu de risque, simplement à surveiller
- Autres symptômes associés : fièvre… ?
- La sérologie est en général inutile
- Souvent négative alors qu’il s’agit réellement d’un érythème migrant,
- Parfois positive alors qu’il s’agit d’une cicatrice sérologique ancienne sans rapport avec la piqûre de tique actuelle.
Je pense avoir une maladie de Lyme chronique
Devant une suspicion de maladie de Lyme avec manifestations prolongées, il est important de consulter votre médecin traitant qui pourra vous orienter vers un médecin des centres de référence ou compétence au plus proche de chez vous (vous retrouverez toutes les informations nécessaires pour prendre RDV sur la page d’accueil).
Plusieurs situations peuvent conduire à s’interroger :
- La borréliose de Lyme peut évoluer longtemps en l’absence de traitement antibiotique bien conduit.
- Des manifestations telles que fatigue, difficultés cognitives (mémoire, concentration..) ou des douleurs diffuses peuvent survenir au cours du Lyme mais elles ne sont pas spécifiques et peuvent s’intégrer dans d’autres maladies, infectieuses ou non.
- Certains patients présentent des manifestations post infectieuses qui persistent au-delà d’un traitement antibiotique ; ils présentent ce que l’on appelle le PTLDS (Post Treatment Lyme Disease Syndrome)
Une analyse médicale rigoureuse est donc indispensable pour déterminer le/les diagnostics permettant d'expliquer ces symptômes (Lyme non traité, PTLDS, diagnostic associé ou autre diagnostic ?), et le cas échéant de traiter.
Il a été montré dans des études cliniques (essais thérapeutiques) qu'il n'y a pas d'intérêt aux antibiothérapies multiples ou prolongées sur les symptômes persistants après un traitement bien conduit. Ainsi, après une antibiothérapie adaptée, chez un patient ayant une maladie de Lyme certaine, possible, ou probable, il n'y a pas d'indication à poursuivre une nouvelle antibiothérapie.
D'autres thérapeutiques pourront être proposées, en fonction des symptômes présentés par le patient : traitements médicamenteux symptomatiques, et d'autres mesures non médicamenteuses.
Quelques explications sur les tests…
Performances des tests diagnostiques actuellement recommandés - HAS juin 2018
Plus d'informations sur le site de l'HAS
Qu'est-ce qu'une sérologie ?
Une sérologie est réalisée par une prise de sang, et mesure les anticorps produits par les globules blancs, suite à une infection.
Quand réaliser une sérologie ?
Votre médecin traitant vous prescrira une sérologie en cas de symptômes qui évoquent une maladie de Lyme. En l’absence de symptômes, cette sérologie n’a pas d’intérêt. En effet la maladie se définit à partir de symptômes. Sans symptômes vous n’êtes probablement pas porteur de la maladie de Lyme, et à ce titre même en présence d’une sérologie positive, il n’y a pas d’indication à faire de traitement.
Que veut dire sérologie en deux temps ?
Il est recommandé de faire une sérologie en deux temps pour diagnostiquer une maladie de Lyme. Cela permet d'augmenter les performances du test ; c'est-à-dire ne pas diagnostiquer à tort une maladie de Lyme chez quelqu'un indemne de cette maladie, ou a contrario éliminer le diagnostic chez quelqu'un porteur de la maladie.
Dans un premier temps, est réalisé un test sérologique (ELISA ou IFI). Si celui-là est positif, alors ce premier test sera confirmé par un test appelé Western Blot pour éliminer les résultats faussement positifs des tests ELISA.
Je ne comprends pas le résultat de ma sérologie
Plus d'informations sur le site de Santé publique France >
Qu’est-ce qu’une sérologie de Lyme positive ?
Dans tous les cas, une sérologie de Lyme, comme toute autre sérologie s’interprète en fonction du contexte : symptômes présentés et notion de morsure de tique récente.
En cas d’absence de symptôme
En l’absence de symptôme, il n’y a pas d’intérêt à réaliser une sérologie de Lyme, même en cas d’exposition aux piqures des tiques. En effet, en l’absence de symptômes, il n’y a pas de maladie et donc pas de traitement à mettre en place.
Si une sérologie est prélevée, chez une personne qui n’a pas de symptôme, il sera conclu à une cicatrice sérologique et non pas à une maladie. Il n’y aura aucun traitement à mettre en place.
En cas de symptômes non compatibles avec une maladie de Lyme
Le fait d'avoir une sérologie positive ne permet pas d'expliquer l'ensemble des symptômes que pourraient présenter un individu.
Ainsi, des symptômes qui ne sont pas compatibles avec une maladie de Lyme ne pourront pas être expliqués par une sérologie positive.
Prenons un exemple : Des douleurs articulaires dites d'horaire mécanique (c'est-à-dire des douleurs articulaires qui surviennent à l'effort et qui se calment au repos) ne peuvent pas être expliquées par la maladie de Lyme. En revanche, ce tableau évoque de l'arthrose, qui est également une maladie fréquente. Une personne qui a de l'arthrose, qui réside dans une région à forte prévalence pour la maladie de Lyme et qui a déjà été piquée par une tique, aura potentiellement une sérologie positive pour la maladie de Lyme. Néanmoins ces douleurs seront expliquées par de l'arthrose et non pas par la maladie de Lyme. Un traitement antibiotique n’améliorera pas ses symptômes.
En cas de symptômes compatibles avec une maladie de Lyme
La sérologie de Lyme se fait en deux temps, afin d’augmenter les performances du test.
Le premier test réalisé est un ELISA le plus souvent. S’il est négatif, alors il n’y a pas eu de contact avec la bactérie (sous réserve d’un délai suffisant : c’est-à-dire qu’il peut être faussement négatif lors d’une infection très récente, comme lors d’un érythème migrant). Il n’y a pas d’intérêt à faire un Western Blot.
Si le test ELISA est positif, il faut confirmer ce résultat par un autre test : le Western Blot, qui est plus spécifique et qui permettra de conclure : sérologie positive ou négative.
Cas des IgM positifs de façon isolée
Les IgM sont des anticorps détectés à la phase initiale d’une maladie infectieuse.
Dans le cadre spécifique de la maladie de Lyme, il est possible de les détecter également dans des manifestations tardives comme l’arthrite de Lyme ou l’acrodermatite atrophiante : leur présence n'est donc pas synonyme d’infection récente.
Dans les cas où le tableau clinique pourrait faire évoquer un stade disséminé de la maladie, un résultat IgM positif isolé doit être considéré principalement comme un résultat de réaction croisée et non comme preuve biologique d'une infection à Borrelia.
En conséquence, quatre critères doivent être systématiquement recherchés lorsqu'un test IgM pour Borrelia est trouvé positif sans IgG :
- Vérification des critères de positivité pour la sérologie (ELISA + Western blot, avec présence de plusieurs bandes)
- Exposition aux tiques
- Les symptômes évocateurs de la borréliose de Lyme précoce
- Apparition d’IgG sur un autre test réalisé plus de 4 semaines plus tard
Est-ce que le test est fiable ?
À l'exception du stade initial de l’érythème migrant, qui est un diagnostic clinique et qui ne nécessite donc pas de prise de sang, la sérologie de la maladie de Lyme est un test fiable.
De façon plus précise, la sensibilité du test est supérieure à 95 % au delà de 6 semaines, et supérieure à 99 % au delà de 6 mois.
Pour mieux comprendre ce que signifie « sensibilité » et « spécificité » d’un test, à propos d’un exemple sur les tests utilisés en virologie, mais qui s’applique à tous les tests y compris ceux pour la maladie de Lyme…
« Un film de Suzon Léger, Anaëlle Alvarez-Caraire, Clément Savy et Léopold Fauvel. « Mon test a tort ? » est un outil de médiation destiné à expliquer le fonctionnement d’un test diagnostic au grand public.
Conçu pour être partagé en ligne, sous forme de vidéo ou en plusieurs images, il vulgarise les notions de “sensibilité” et « spécificité », deux concepts clés pour comprendre le processus de détection d’un virus.
La réalisation propose une première approche des tests dont les spécificités seront approfondies ensuite. Elle s’insère dans un projet collectif de médiation au sujet de la détection des virus et plus particulièrement du coronavirus. »
Le médecin m'a parlé de réaction aspécifique, croisée : qu'est-ce que cela signifie ?
Une réaction croisée signifie que votre sang réagit de façon aspécifique (sans signification pathologique) avec les réactifs du laboratoire ; le résultat du test ne permet pas alors d’affirmer que vous avez rencontré la bactérie responsable de la maladie de Lyme. En dehors d'un contexte clinique particulier il n'y a pas lieu de contrôler votre sérologie.
Pour éviter des erreurs d’interprétation, et rendre des tests faussement positifs, on réalise la sérologie de Lyme en 2 temps (cf supra).